Quatre défis que chaque DAF doit relever dès à présent

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Les DAF ont très certainement vécu les moments les plus éprouvants de leur carrière lors de la crise du Covid-19. Du jour au lendemain, des millions d’entreprises à travers le monde, de quelque taille que ce soit, sont passées d’un fonctionnement normal avec des processus bien établis, à une activité empreinte de challenges et bouleversée par le poids de l’incertitude.

Désormais, la sortie de la crise sanitaire amène les directeurs financiers à endosser d’autres responsabilités pour l’avenir de leur entreprise. Aujourd’hui, l’incertitude se mesure à l’échelle planétaire et se trouve décuplée par une grande vigilance provenant à la fois du PDG, du CODIR, des investisseurs, des employés ainsi que des clients eux-mêmes. Chaque décision et chaque action sont désormais à haut risque.

Face à ces défis conséquents à relever et à ces décisions difficiles à prendre, le rôle du DAF prend une autre dimension, en se retrouvant au cœur d’une économie incertaine et en mutation rapide et constante.

Les grands défis à relever

Il y a quatre domaines dans lesquels le rôle du directeur financier sera primordial : la gestion des flux de trésorerie, l'investissement dans la chaîne d'approvisionnement, la collaboration étroite avec les RH et l'attention portée aux clients. Il est crucial d’examiner la manière dont les DAF peuvent relever ces défis de front, apporter des changements importants là où cela est nécessaire et endosser le rôle de commandant en second pendant la crise.

Le challenge le plus immédiat est bien évidemment celui de la gestion de la trésorerie. De nombreuses entreprises, bien qu'intrinsèquement rentables, ont dû lutter pour joindre les deux bouts avec un fonds de roulement insuffisant pour rester solvable. Ce manque de résilience économique exige certes des réductions à court terme, mais il repose également sur des décisions intelligentes qui permettront à l'entreprise de rester saine sur le long terme.

L’autre sujet sur lequel les DAF doivent concentrer leurs efforts concerne la chaîne logistique. Depuis plusieurs décennies, la réduction des coûts a été la grande tendance. Mais les chaînes d'approvisionnement qui fonctionnent aujourd’hui à flux tendus ont dû faire face à la crise mondiale liée à la pandémie de Covid-19. Pour se remettre sur pied et planifier les activités, il est essentiel d’augmenter les dépenses afin de garantir que les chaînes d'approvisionnement soient robustes et résilientes, et qu’elles ne soient plus uniquement mues par la chasse aux coûts et l’optimisation à tout crin. C’est véritablement capital.

Il est donc important de trouver le bon équilibre entre la réduction des coûts et la garantie que l'entreprise peut encore opérer avec efficacité, surtout lorsque son principal atout, le talent de ses équipes, représente aussi son plus gros poste de dépenses. Afin de trouver un équilibre qui assurera à l’entreprise que chaque prise de décision contribue à protéger la continuité de ses activités et sa survie, le DAF devra collaborer encore plus étroitement avec les ressources humaines. Ensemble, ils seront en capacité d’identifier, grâce aux données de l’entreprise, quelles compétences et quelles ressources sont tout particulièrement requises, tout en planifiant les besoins futurs de l’entreprise.

Une approche centrée sur l’humain est également nécessaire, et on ne parle pas seulement de l’encadrement et des salariés, mais également des clients. Offrir une bonne expérience client est une chose, mais dans cette période, les directeurs financiers et leurs équipes doivent plus que jamais se rapprocher d’eux, mais aussi de leurs fournisseurs ; c’est ainsi qu’ils pourront se distinguer de la concurrence. Démontrer sa capacité à répondre de façon équilibrée à ses propres besoins tout en prenant en compte ceux de ses clients permet en effet de prouver que l’entreprise est le partenaire de confiance idéal pour guider ses clients dans les périodes d’incertitudes aujourd’hui comme dans le futur.

Mettre fin au statu quo

Les tâches d’un DAF vont plus loin que la maîtrise des dépenses et l’assurance que les budgets sont bien gérés. Être le garant du bon maintien financier ne signifie plus qu’il faille maintenir indéfiniment le statu quo. Cela implique de la détermination pour une conduite du changement, là où cela est le plus nécessaire. Pour cela, les DAF doivent accompagner leur PDG et le conseil d’administration, en changeant le modèle de gestion, savoir comment le remettre à flot, tout en les guidant vers les meilleures actions à mettre en place dans une démarche progressive. Cela nécessite de la résilience, une réflexion à long terme et de l’empathie.

Les entreprises réfractaires au changement et souhaitant rester sur un modèle d’entreprise axé sur l’actionnariat plutôt que devenir des acteurs du changement ne seront pas en mesure d’atteindre leurs objectifs consistant à accompagner leurs clients, maintenir leur rentabilité et, tout simplement, réussir. Les entreprises qui placeront la barre plus haut pour prospérer à long terme, auront, elles, un point commun : le DAF comme incarnation du changement, agissant en leader qu’il doit être.

Eric Gatrio, Apps Leader Oracle France

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