L’Institut de la Finance Durable (IFD) vient de publier un rapport détaillant les stratégies de transition énergétique des acteurs financiers de la Place de Paris ce mardi 11 février. Ce document vise à partager les meilleures pratiques et à guider les institutions financières dans l’intégration des scénarios climatiques à leurs stratégies d’investissement.
Dans son dernier panorama de stratégies de transition énergétique sur secteur financier, l’IFD rappelle que la finance durable ne peut se limiter au financement des énergies vertes, mais doit aussi accompagner une sortie progressive des énergies fossiles, responsables de 80 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les auteurs estiment que pour y parvenir, un cadre d’action rigoureux est nécessaire, combinant faisabilité technique et économique avec une trajectoire alignée sur la neutralité carbone. C’est dans cette optique que 15 grandes institutions financières de la Place de Paris – banques, assurances et sociétés de gestion – ont partagé leurs méthodologies et engagements, permettant à l’IFD d’identifier 10 bonnes pratiques pour une meilleure utilisation des scénarios climatiques.
Les 10 bonnes pratiques recommandées par l’IFD
Avec ces dix bonnes pratiques, l’IFD compte instaurer un cadre méthodologique structurant pour que les acteurs financiers puissent mieux intégrer les enjeux climatiques dans leurs décisions et accompagner la transformation de l’économie vers un modèle bas-carbone.
- S’appuyer sur la science
Les acteurs financiers doivent fonder leur stratégie climat sur les scénarios de référence établis par la communauté scientifique. L’objectif est d’assurer une transition alignée sur les engagements de l’Accord de Paris et la neutralité carbone d'ici à 2050.
- Identifier les bons indicateurs
Choisir des indicateurs physiques pertinents est essentiel pour suivre l’évolution des trajectoires énergétiques. Ces indicateurs doivent refléter l’impact des investissements sur les émissions de gaz à effet de serre et l’adaptation aux nouvelles réalités économiques et technologiques.
- Actualiser régulièrement les scénarios
Les données climatiques et technologiques évoluent rapidement. Pour garantir une stratégie robuste, les institutions financières doivent régulièrement mettre à jour leurs scénarios de référence en tenant compte des dernières avancées scientifiques et des tendances du marché.
- Rester cohérent dans les choix stratégiques
Une transition efficace repose sur la cohérence. L’IFD recommande d’adopter un scénario de référence unique pour structurer les décisions d’investissement, tout en le complétant par des scénarios sectoriels et régionaux adaptés aux spécificités des portefeuilles.
- Aligner les stratégies sur les engagements internationaux
Les institutions doivent privilégier les scénarios élaborés par des organisations internationales reconnues, telles que l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) ou le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Cela garantit une harmonisation avec les politiques climatiques globales.
- Limiter les dépassements d’émissions
Les scénarios utilisés doivent viser une trajectoire 1,5°C avec un dépassement limité, en minimisant la dépendance aux technologies d’émissions négatives, encore incertaines et coûteuses.
- Mobiliser des leviers de décarbonation réalistes
La transition énergétique doit s’appuyer sur des solutions éprouvées : électrification des usages, amélioration de l’efficacité énergétique et développement des énergies renouvelables. L’IFD met en garde contre la sur-dépendance aux technologies encore peu matures.
- Quantifier les actions et établir un calendrier précis
Fixer des objectifs chiffrés et budgétiser les plans d’action est une nécessité. Cela permet aux institutions de mesurer l’efficacité de leurs engagements et d’ajuster leurs stratégies en fonction des résultats obtenus.
- Suivre un ratio entre financements fossiles et énergies décarbonées
Un indicateur clé recommandé par l’IFD est le rapport entre les investissements dans les énergies renouvelables et ceux dédiés aux énergies fossiles. Un ratio élevé en faveur des énergies décarbonées témoigne d’un réel engagement en faveur de la transition.
- Définir des points de passage à moyen et long terme
Enfin, l’IFD préconise la mise en place d’étapes intermédiaires pour suivre la progression vers la neutralité carbone. Ces jalons permettent d’ajuster la stratégie en fonction des évolutions économiques et technologiques.
Les 15 institutions financières ayant contribué au rapport
Les institutions de la Place de Paris ayant partagé leurs méthodologies et engagements dans le cadre du rapport de l’IFD sont les 6 groupes bancaires suivants : Société Générale, BNP Paribas, Crédit Agricole, Groupe BPCE, La Banque Postale et Crédit Mutuel Arkéa. Y ont également participé, 5 sociétés de gestion telles : Amundi, La Banque Postale Asset Management (AM), Groupama Asset Management (AM), BNP Paribas Asset Management (AM) et Ofi Invest Asset Management (AM). Enfin, ces 4 sociétés d’assurance ont aussi contribué au rapport : Crédit Agricole Assurances, MAIF, AEMA Groupe (Abeille Assurances et MACIF) et BPCE Assurances.
Samorya Wilson