Lors du sommet d’action sur l’intelligence artificielle (IA) à Paris ces 10 et 11 février 2025, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé le lancement d’InvestAI, une initiative visant à mobiliser 200 milliards d’euros d’investissements dans l’IA. Cette initiative inclut notamment un fonds européen de 20 milliards d’euros destiné à la création de gigafactories d'IA.
Faire de l’Europe un continent leader dans l’IA : tel est l’objectif affiché d’Ursula von der Leyen en projetant de mobiliser 200 milliards d’euros pour développer cette nouvelle technologie. Dans son discours, elle a comparé le plan InvestAI à un « CERN pour l’IA » (Organisation européenne pour la recherche nucléaire), insistant sur le fait que ce programme public-privé permettra aux scientifiques et entreprises européennes d’accéder aux ressources nécessaires au déploiement des modèles d’IA les plus avancés. La présidente a insisté sur l’importance de l’IA pour l’avenir de l’Europe, car elle estime que : « L’IA améliorera nos soins de santé, stimulera notre recherche et notre innovation et renforcera notre compétitivité. Nous voulons que l’IA soit une force pour le bien et la croissance. »
Des gigafactories pour façonner l’IA de demain
Le fonds InvestAI financera la création de quatre gigafactories d’IA, des infrastructures de pointe pour le développement de modèles d’intelligence artificielle avancés, à travers l’Union européenne. Ces infrastructures, équipées de 100 000 puces d’IA de dernière génération, seront quatre fois plus puissantes que les infrastructures actuelles. Elles auront pour mission de former des modèles d’IA de nouvelle génération pour des applications dans des domaines clés tels que :
- La médecine, pour la recherche biomédicale et les diagnostics avancés
- La science, pour la modélisation et la simulation
- L’industrie, pour automatiser les processus complexes
Un modèle de financement unique et collaboratif
Le financement des gigafactories d'IA, sous forme de subventions et de fonds propres, sera l’un des projets pilotes pour les technologies stratégiques annoncées dans la Boussole de la Compétitivité. Il repose sur un modèle à plusieurs niveaux associant fonds publics et privés. La Commission européenne mobilisera des fonds issus de Horizon Europe, du programme pour une Europe numérique et d’InvestEU. Les États membres pourront aussi contribuer via leurs budgets nationaux.
Ce projet s’inscrit dans une stratégie visant à renforcer la souveraineté technologique européenne. Il complète d’autres initiatives comme :
- Le soutien aux startups IA par le biais de capital-risque
- La formation et la reconversion des talents dans le domaine de l’IA
- Le développement d’espaces communs de données, indispensables pour entraîner les modèles d’IA
- L’initiative GenAI4EU, visant à développer des applications IA dans 14 secteurs industriels stratégiques
Un investissement élargi pour l’avenir de l’Europe
L’Europe a déjà investi 10 milliards d’euros dans des usines d’IA, un des plus importants financements publics au monde pour l’intelligence artificielle. InvestAI vient amplifier cet effort en cherchant à attirer plus de 10 fois cet investissement en capitaux privés.
Pour Henna Virkkunen, vice-présidente exécutive chargée de la souveraineté technologique :« Aujourd’hui est un jour historique : nous avons jeté les bases de nos futures gigafactories d’IA. Nous serons prêts à montrer la voie en matière d’IA avec une infrastructure de pointe. »
Avec cette initiative, l’Europe se positionne comme un acteur clé du développement de l’intelligence artificielle, en misant sur l’innovation ouverte et la coopération pour "bâtir un futur numérique compétitif et éthique". Reste à savoir si elle sera à la hauteur de ses ambitions, tant la concurrence est rude en matière d'IA, où l'américain ChatGPT, a déjà envahi le vieux continent et où le chinois, DeepSeek, rabat les cartes, avec une percée spectaculaire.
Samorya Wilson
