La planète se dérègle. Les superviseurs financiers français et européen ont mené des études pour en mesurer l'impact mais surtout pour sensibiliser et mobiliser autour des enjeux de la finance durable.
Le dernier rapport du GIEC et les sujets abordés lors de la COP26, qui se déroule en ce moment à Glasgow, montrent que sans changement majeur des comportements, la crise liée au réchauffement climatique s’intensifiera, générant de multiples catastrophes et augmentant la fréquence et les coûts des événements climatiques. Le secteur financier doit agir en étroite collaboration avec le secteur non-financier afin de lutter contre ce dérèglement climatique et diriger les investissements vers des objectifs favorables au développement durable.
Plusieurs initiatives ont été lancées par l’Union européenne pour développer une finance durable. Le règlement SFDR permet la publication d’informations en matière de durabilité et le règlement Taxonomie identifie les activités durables, éligibles et alignées. Le projet de directive CSRD a pour but de renforcer et homogénéiser au niveau européen le reporting extra-financier des entreprises. Ces textes appellent à plus de transparence en matière de critères ESG au sein des marchés financiers.
Les superviseurs financiers français et européen ont mené des études pour mesurer l'impact du dérèglement climatique sur le secteur financier.
L’ACPR a publié en mai 2021 les résultats d’un exercice pilote sur une première évaluation des risques financiers dus au changement climatique. Au total, neuf groupes bancaires et quinze groupes d’assurance ont participé à cet exercice pilote, représentant 85 % du total du bilan bancaire et 75 % du total du bilan des assureurs en France. L’évaluation des risques a été effectuée directement par les institutions financières sur la base d’hypothèses communes avec un horizon à trente ans, le long terme permettant d’intégrer les effets du changement climatique. L’exercice révèle une exposition globalement modérée des banques et des assurances françaises aux risques climatiques. Cependant, des efforts importants sont à fournir afin de contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 et lutter ainsi contre le réchauffement climatique.
L’AMF et l’ACPR ont publié deux rapports sur le suivi et l’évaluation des engagements climatiques des institutions financières en décembre 2020 et en octobre 2021. Le premier restituait les travaux effectués dans le cadre de ce suivi et visait à renforcer la transparence des informations publiées. Cette étude a permis d’analyser les politiques de sortie du charbon des acteurs financiers et leur mise en œuvre. Les travaux du deuxième rapport ont été menés sur la base de questionnaires envoyés à neuf banques, dix-sept assureurs et vingt sociétés de gestion, complétés par des entretiens. Les analyses précédentes ont été poursuivies et complétées en évaluant les engagements des acteurs financiers vis-à-vis des autres énergies fossiles (pétrole et gaz) et en présentant les premières estimations sur l’exposition des banques et assureurs français à ces énergies fossiles.
Ces études, en plus d’avoir permis l’évaluation des risques et des engagements climatiques dans le secteur de la banque et de l’assurance, ont également contribué à la sensibilisation de ce secteur pour la prise en compte de ces risques et à l’amélioration de leur capacité à les anticiper et les gérer. Les institutions financières devront continuer leurs efforts afin de lutter contre le réchauffement climatique et faire des choix nécessaires pour le financement d’une économie durable.
Romane Maguet, Consultante ESG, BM&A