Les répercussions de la technologie blockchain sur la profession d'expert-comptable

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La blockchain, sorte de grand livre comptable, est une technique qui permet de valider l’authenticité de documents. La profession du chiffre va donc devoir évoluer, les similitudes entre les missions de l’expert-comptable et la technologie blockchain permettant un rapprochement. La comptabilité, par l'automatisation, n'en sera que simplifiée.

Marc Lipskier, Président de World of Blockchains, a défini cette nouvelle technologie de la manière suivante : « La blockchain est un protocole sécurisé et qui permet l’échange de pair à pair sur un réseau distribué réputé inviolable. » Chaque utilisateur a accès à la même information, en même temps. Un utilisateur peut ajouter une information appelée « block » qui sera par la suite validée par d’autres utilisateurs : les « mineurs ». Une fois l'information ajoutée et validée, elle n'est plus modifiable. La blockchain est ainsi une technologie de stockage et de transmission d’informations transparente et sécurisée.

Les bouleversements dans les missions comptables

La blockchain, base de données avec des spécificités propres, pourrait constituer la prochaine évolution généralisée des supports comptables. La principale différence, et la plus intéressante, entre les bases de données comptables traditionnelles et celle-ci réside dans la solution de contrôle des données proposée. Cette technologie datant de 2008 admet la possibilité de définir des degrés de transparence via l’utilisation de clés publiques et de clés privées, qui permettent d’avoir un registre définissable librement comme étant public ou privé. Il est alors possible de définir des niveaux de confidentialité et des responsables autorisés à ajouter des blocs de transaction à la chaîne. Ces caractéristiques permettraient à la blockchain de s’affirmer comme un support particulièrement pertinent pour la tenue d’un journal ou d’un grand livre partagé au niveau intra-organisationnel, ainsi qu’avec des tiers extérieurs sélectionnés.

La technologie blockchain peut être utilisée pour tenir une comptabilité en partie triple permettant une facilité des contrôles et de la détection des fraudes. Des expérimentations proposant le traitement de la facturation via un processus blockchain émergent. Certaines sociétés proposent par exemple un principe de mise en service d’un réseau décentralisé de paiement, d’échange et plus généralement de « management » de la facture fondé sur la blockchain.

Le travail du comptable et financier d’entreprise devrait en être profondément bouleversé, à la fois dans les tâches mais également dans le planning annuel. La lourde préparation de la vérification annuelle conduit généralement à un report des opérations jugées non prioritaires. La validation des écritures tout au long de l’année permise par la blockchain pourrait conduire à une suppression totale de ce travail préparatoire, permettant au service comptable de travailler à la projection de l’année n + 1 plutôt qu’à la vérification de l’année n, dégageant ainsi du temps pour une comptabilité proactive plutôt que tournée vers le passé.

De nouvelles compétences requises par la blockchain

Les compétences liées à la blockchain sont facilement identifiables : la connaissance des langages informatiques et des systèmes de sécurité, ce qui suppose une modification des formations initiales et la création de nouvelles offres de formation continue.

Ce premier point en implique un second : une réorganisation des services comptables et des cabinets d’audit. Cette réorganisation repose en effet en premier lieu sur l’arrivée d’une nouvelle compétence indispensable à la réalisation de l’activité dans ces services. On peut ainsi imaginer que les cabinets d’audit et les services comptables d’entreprise verront une bonne part de leurs collaborateurs devenir « informaticien-comptable » ou « comptable-informaticien ».

Alice Magar

Les Annuaires du Monde du Chiffre