La SPE en question lors du Congrès IFEC 2022

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La cité corsaire de Saint-Malo a accueilli jeudi et vendredi dernier le Congrès national de l’IFEC. L’occasion pour le syndicat de creuser notamment le sujet de l’interprofessionnalité et d’interroger la pertinence du modèle de la SPE ou société pluriprofessionnelle d'exercice.

La SPE ne date pas d’hier, créée en 2015 par la loi Macron et pleinement opérationnelle depuis 2017. Pourtant force est de constater que son succès reste très mitigé auprès des professionnels du chiffre comme du droit. Alors pourquoi boude-t-on la SPE ? L’IFEC s’est saisi de la question lors de son Congrès national à Saint-Malo les 30 et 1er juillet 2022.

Implid, un modèle de SPE qui fonctionne

La SPE n’a sans doute pas que des défauts puisque certains professionnels s’en emparent malgré tout et certains même avec succès ! C’est le cas notamment d’Implid qui propose via cette structuration un regroupement d’avocats, d’experts-comptables, d’huissiers et de notaires.

« Cela crée de vraies facilités à la fois dans le fonctionnement en interne et dans la perception de la valeur ajoutée pour le client » témoigne ainsi le PDG d’Implid Jean-Loup Roge. Pour ce dernier, l’intérêt de la SPE est notamment de permettre d’aller au-delà de l’interprofessionnalité informelle au coup par coup afin de « monter des offres » pérennes agrégeant plusieurs compétences au service du client.

Pourquoi la SPE patine-t-elle malgré tout ?

Cependant ce modèle de réussite autour de la SPE ne fait pas légion. Au contraire, bien rares sont les professionnels qui se laissent tenter par l’aventure. Pour quelles raisons alors ?

« Très honnêtement, aujourd’hui, cela ne fonctionne pas, même si on sent l’envie sur le terrain » reconnaît le Président de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes Yannick Ollivier. La formule pose en effet des difficultés sur le plan de l’articulation entre les différentes déontologies métiers mais également au niveau patrimonial, car par exemple une clientèle d’expert-comptable n’est pas une clientèle d’avocat.

Même son de cloche d’ailleurs côté droit. « On y perd notre latin, c’est un vrai chaos » déplore ainsi le Président de l’ACE (Avocats Ensemble) Emmanuel Raskin qui souligne la nécessité d’apporter des mesures d’harmonisation. Selon lui, la SPE est une belle avancée mais le modèle n’est pas abouti.

Le Président de l’Ordre des experts-comptables Lionel Canesi ajoute qu’il y a un frein du côté des professions juridiques, « les notaires en particulier, qui n’en veulent pas ». Le patron du CNOEC pointe enfin le risque que le développement de la SPE amorce un engrenage vers une déréglementation au final préjudiciable à chaque profession libérale…

Hugues Robert (@HuguesRob)

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