Gestion financière : la course au tout-en-un est lancée !

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Une tribune d'Arthur Waller, CEO et Co-Fondateur de Pennylane.

Depuis plusieurs années déjà, le paysage des solutions de gestion comptable et financière traverse une période de profondes transformations. Les éditeurs de solutions bancaires, de gestion et de comptabilité sont désormais lancés dans une course pour investir le rôle d’outil tout-en-un, constituant une source de vérité financière unique. Or, les atouts de chacun de ces acteurs sont loin d’être équivalents. Mais quel qu’en soit le vainqueur, cette grande course technologique profitera avant tout aux gestionnaires de TPE et PME.

A l’origine : une situation frustrante pour les PME

Le mouvement de concentration qui touche aujourd’hui le marché des outils de gestion et des solutions comptables trouve sa source dans une frustration exprimée initialement par les responsables de TPE et de PME. Jusqu’à récemment, ceux-ci regrettaient en effet de ne pouvoir bénéficier d’un point de vue unifié sur leurs finances et de perdre un temps précieux à jongler entre différents outils aux principes hétérogènes. Alors que les données financières et comptables des grandes entreprises sont centralisées dans des ERP, celles des TPE et PME étaient ainsi silotées et difficilement interconnectées.

Le défi des solutions tout-en-un

Si le marché a longtemps été dominé par des outils extrêmement puissants mais spécialisés, c’est d’abord parce que les solutions les plus récentes n’offraient pas la même richesse fonctionnelle que leurs concurrentes historiques, mais aussi parce que centraliser la gestion financière et la gestion comptable représentait un véritable défi technologique. Comptables et entrepreneurs ont en effet des visions totalement différentes de chaque flux financier. Recréer l’ensemble des fonctionnalités des solutions spécialisées en conciliant ces deux points de vue nécessitait donc de repartir de zéro pour penser une architecture totalement nouvelle. Aujourd’hui, le développement d’une nouvelle catégorie de logiciels a permis de révéler l’importance des gains de productivité permis par une telle centralisation. L’automatisation de la récupération des données de gestion, des rapprochements factures-transactions et des lettrages associés, la simplification de la collaboration entre services, l’intégration de solutions OCR et bientôt de PDP ou encore d’outils de paiement ouvrent ainsi la voie à une réduction considérable du temps consacré à la gestion financière.

Une course engageant l’ensemble des acteurs du marché

Moins de quatre ans après leur création, force est de constater que cette nouvelle catégorie de logiciels s'installe dans la durée et semble devenir un horizon pour l’ensemble des acteurs du marché. Face à une demande croissante nourrie par les possibilités nouvelles ouvertes par le cloud, quatre types d’acteurs se sont en effet lancés dans cette course à la création d’un outil tout-en-un :

  • les acteurs bancaires, en investissant la gestion, voire la pré-comptabilité ;
  • les acteurs de la gestion (achats, ventes, trésorerie, etc.), en développant des fonctionnalités tournées vers la banque d’un côté et vers la pré-comptabilité de l’autre ;
  • les acteurs comptables, en intégrant la gestion puis la banque ;
  • les natifs, qui ont pensé et construit les deux faces de l’outil dès leur création.

Chacun de ces types d’acteurs dispose d’atouts et de faiblesses profondément différents pour relever ce défi. Les acteurs provenant du monde de la gestion sont sans doute les moins bien placés pour s’emparer de la place de leader du fait de leurs difficultés à se connecter avec des outils comptables ne disposant pour beaucoup pas d’API ou ne permettant pas d’opérer une réconciliation parfaite des données. Cependant, la diversité des exigences en matière de gestion dans chaque secteur économique a conduit au développement d’acteurs spécialisés. Cette spécialisation permettant de développer un positionnement haut de gamme est, pour ces acteurs, une option stratégique plus cohérente que la construction d’un véritable outil tout-en-un probablement hors de leur portée.

Les éditeurs comptables traditionnels n’ont quant à eux que très peu de chance d’investir avec succès le marché technologiquement très exigeant des solutions de gestion. De la même façon, les banques souffrent d’une dette technique bien trop importante et sont encore loin de disposer des compétences nécessaires pour produire des outils tout-en-un compétitifs. Seules les néobanques semblent mieux placées technologiquement et disposent par ailleurs d’une base clients bien plus large et homogène que celle des éditeurs d’outils de gestion. Si leur développement reste freiné par la complexité de la comptabilité, elles peuvent donc envisager de concurrencer les éditeurs natifs ayant dès leur lancement embarqué des outils de gestion, de comptabilité et bancaires.

Un succès programmé

En démocratisant l’accès à une source de vérité financière unique, équivalente à celle dont les grandes entreprises jouissent via leur ERP, ce nouvel ordre des choses bénéficiera à l’ensemble des TPE-PME. Les équipes comptables et financières pourront ainsi voir leurs rapports s’harmoniser à la faveur de réconciliations de données facilitées et elles seront ainsi plus à même de prendre des décisions de gestion informées et d’accompagner la direction dans ses choix stratégiques. Bien que la course soit encore loin d’être terminée, les grands vainqueurs en sont donc déjà connus : ce sont les utilisateurs.

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