L’IA séduit les investisseurs, mais la confiance reste à construire

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L’édition 2025 de la Global Investor Survey de PwC, publiée le 16 décembre 2025, met en lumière un soutien massif des investisseurs à l’IA, tempéré par une exigence croissante de transparence. Ainsi, 78 % des investisseurs sont prêts à investir davantage dans l’IA mais sans signer de chèque en blanc aux entreprises.

L'intelligence artificielle n'est plus une promesse lointaine pour les marchés financiers. Elle s'impose aujourd'hui comme un moteur de création de valeur tangible, capable de transformer radicalement la performance des entreprises. C'est ce que révèle l'édition 2025 de la Global Investor Survey publiée par PwC France et Maghreb, qui a interrogé 1 074 professionnels de l'investissement dans 26 pays entre septembre et octobre 2025.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Près de deux tiers des investisseurs (61 %) identifient le secteur technologique comme le plus attractif pour les trois prochaines années, loin devant la gestion d'actifs (25 %), l'énergie (24 %) ou encore la banque (19 %). Cette préférence massive traduit une conviction profonde que l'IA redéfinit les règles du jeu économique.

Des résultats opérationnels qui convainquent

Les investisseurs ne misent pas sur l'IA par effet de mode. Ils constatent déjà des améliorations concrètes dans les entreprises de leur portefeuille. En 2025, 86 % d'entre eux ont observé des gains de productivité significatifs, 71 % rapportent une amélioration de la rentabilité et 66 % notent une croissance des revenus directement liée à l'intégration de l'intelligence artificielle.

Ces performances tangibles expliquent pourquoi 92 % des répondants souhaitent que les entreprises augmentent leurs allocations de capital dédiées à la transformation technologique, et 88 % qu'elles renforcent leurs investissements en cybersécurité. La technologie n'est plus perçue comme un coût, mais comme un levier stratégique de croissance et de résilience.

« Les investisseurs constatent enfin des résultats tangibles : l’IA génère des gains opérationnels et financiers réels. Ils acceptent que ces retours nécessitent des investissements, mais exigent de la discipline », souligne Philippe Kubisa, associé spécialiste des marchés de capitaux chez PwC France et Maghreb.

Le déficit de transparence, frein majeur

Malgré cet enthousiasme, un paradoxe apparaît. Si 78 % des investisseurs se déclarent prêts à investir davantage dans les entreprises déployant l'IA à grande échelle, seuls 37 % estiment que ces dernières communiquent suffisamment sur leurs stratégies et politiques en matière d'intelligence artificielle.

Ce manque de transparence constitue un obstacle majeur. Les investisseurs réclament des informations claires sur la gouvernance de l'IA, ses impacts mesurables et sa reproductibilité. Sans ces éléments, même les technologies les plus prometteuses peinent à convaincre pleinement les marchés financiers.

Cette exigence de clarté s'inscrit dans un contexte où les risques numériques s'intensifient. Plus de la moitié des répondants (55 %) considèrent que les entreprises sont fortement exposées aux risques cyber, et 53 % mettent en avant la menace des bouleversements technologiques. L'inflation (44 %), la volatilité macroéconomique (43 %) et les tensions géopolitiques (42 %) complètent ce tableau des préoccupations.

Agilité et durabilité, nouveaux impératifs

Dans ce contexte incertain, les investisseurs privilégient les entreprises capables de combiner innovation technologique et résilience. Plus de 70 % estiment que les sociétés saisissant des opportunités au-delà de leurs frontières sectorielles traditionnelles afficheront une croissance supérieure. À l'inverse, 65 % jugent que celles qui restent figées s'exposent à un risque accru de disruption.

La durabilité s'impose également comme un facteur différenciant. Malgré les incertitudes réglementaires actuelles, près de 70 % des investisseurs confirment que la prise en compte des enjeux environnementaux renforce la résilience et la performance des entreprises. Cette conviction est particulièrement marquée en Europe, où 65 % des répondants souhaitent que les entreprises augmentent leurs investissements dans l'adaptation climatique, contre 50 % dans le reste du monde.

Fait révélateur, 84 % des investisseurs estiment que les entreprises devraient maintenir ou augmenter leurs efforts en matière de durabilité. Plus significatif encore, 61 % affirment qu'ils renforceraient leurs propres investissements dans les sociétés intégrant fortement la durabilité pour améliorer leur efficacité opérationnelle. Les questions environnementales ne relèvent plus uniquement du reporting ou de la réputation, mais deviennent des critères d'investissement à part entière.

« Le message des investisseurs est clair : malgré la perturbation réglementaire à court terme, la réalité des enjeux de durabilité reste très fortement présente tant en matière de risques que d’opportunités », rappelle Sylvain Lambert, associé responsable du développement durable chez PwC France et Maghreb.

La transparence, clé de la confiance

L'étude de PwC dessine le portrait d'une communauté financière convaincue par le potentiel transformateur de l'intelligence artificielle, mais exigeante sur les conditions de déploiement. Les entreprises qui sauront allier performance technologique, gouvernance transparente et engagement durable seront les mieux placées pour capter les capitaux dans les années à venir.

Dans un monde où les bouleversements technologiques s'accélèrent et où les risques se multiplient, la capacité à communiquer clairement sur sa stratégie d'IA et ses impacts devient aussi cruciale que l'innovation elle-même. 

En filigrane, l’étude dessine un nouveau contrat entre entreprises et investisseurs. L’IA n’est plus seulement une promesse de croissance accélérée, mais un test de crédibilité stratégique. 

Samorya Wilson