L’Observatoire de la valeur des moyennes entreprises, réalisé par Epsilon Research pour la CNCC et le CNOEC, dresse un bilan nuancé du marché des acquisitions et cessions de moyennes entreprises françaises au premier semestre 2024. Malgré un contexte économique incertain, l’enquête publiée le 12 mars dernier, révèle que le secteur reste actif avec des valorisations en légère baisse et une concentration accrue des transactions.
Le 17ᵉ rapport de l'Observatoire de la valeur des moyennes entreprises offre un aperçu détaillé du marché pour le premier semestre 2024, entre stabilisation macroéconomique et incertitudes politiques. Ainsi, le prix d’achat des moyennes entreprises françaises (entre 15 et 50 millions d’euros de fonds propres) a enregistré une baisse modérée au premier semestre 2024. Le ratio médian Valeur d’Entreprise / EBITDA (VE/EBITDA) s’établit à 8,1x, marquant une diminution par rapport au semestre précédent. Cependant, cette valeur demeure supérieure à celle enregistrée un an auparavant. Cette évolution traduit une stabilisation progressive des conditions macroéconomiques, malgré un coût de la dette encore élevé et des incertitudes politiques persistantes.
Un volume d’opérations soutenu, porté par des perspectives monétaires plus favorables
Le marché des fusions-acquisitions (M&A) et des opérations de leveraged buyout (LBO) affiche un léger recul par rapport au second semestre 2023, mais reste dynamique sur un an. Plus de 150 opérations ont été recensées pour une valeur estimée à 4 milliards d’euros. Selon le rapport, cette activité soutenue s’explique notamment par la diminution de l’inflation et l’anticipation d’une politique monétaire plus souple de la Banque Centrale Européenne (BCE), qui pourrait favoriser un regain des transactions.
Une mutation dans la typologie des acquéreurs
Les grandes entreprises industrielles cotées et les investisseurs étrangers ont pris une part plus importante dans les acquisitions, représentant 62 % des transactions. À l’inverse, les fonds de capital-transmission, qui représentaient une part significative du marché, ont réduit leur présence à 38 % des opérations. Les auteurs estiment que cette tendance est due à une stratégie d’attente avant un assouplissement effectif des taux d’intérêt, les fonds préférant refinancer leurs participations plutôt que d’investir dans de nouvelles acquisitions.
Les PME cotées en difficulté sur les marchés actions
Le marché boursier des PME-ETI continue de subir des turbulences. L’indice Euronext Growth, dédié aux petites et moyennes entreprises, a reculé de 7 % sur le semestre et de 15 % sur un an. Pour l’Observatoire, cette tendance s’est aggravée avec des incertitudes politiques, notamment après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024. En parallèle, les introductions en bourse sur Euronext Growth retrouvent leur niveau d’avant la crise sanitaire, mais restent limitées.
Vers une normalisation progressive du marché
Si le premier semestre 2024 a été marqué par une légère correction des valorisations et une recomposition des profils d’acquéreurs, le marché des moyennes entreprises montre des signes de résilience. D’après le rapport, avec une inflation en baisse et la perspective d’une politique monétaire plus accommodante, la seconde moitié de l’année pourrait voir un regain d’activité. Pour les auteurs, les acteurs du marché restent toutefois prudents face aux incertitudes économiques et politiques qui continuent de peser sur les décisions d’investissement.
Samorya Wilson
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