Valorisation des PME et coût du capital : les crises successives accentuent les risques

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Dans un contexte économique largement marqué par l’inflation, la Compagnie des conseils et experts financiers (CCEF) a dévoilé les conclusions de son Observatoire des PME. Ce baromètre annuel fournit des outils aux investisseurs et aux actionnaires pour déterminer la valeur des entreprises selon leur taille et le secteur d’activité dans lequel elles opèrent.

Premier enseignement de l’Observatoire : au début de l’année 2023, le coût des fonds propres des sociétés du CAC 40 était en moyenne de 9,63 %, en nette dégradation par rapport à l’année 2022.

La progression de cet indicateur peut impacter la stratégie des investissements des entreprises. Avec un taux de 9,63 %, si les grandes entreprises souhaitent obtenir un taux de création de valeur minimum de 2 points, il est nécessaire que la rentabilité de leurs investissements soit supérieure à 11,63 %, ce qui est élevé et peut conduire certaines entreprises à différer une partie de leurs investissements.

Pour une PME, la CCEF calcule chaque année un coût additionnel, fonction de sa taille et venant s’ajouter au coût des fonds propres des sociétés du CAC 40.

Par exemple, pour une PME qui réaliserait un chiffre d’affaires de 20 millions d'euros pour un résultat d’exploitation (EBIT) de 2,2 millions d'euros, le coût additionnel calculé pour 2023 serait de + 7,51 %, ce qui se traduit par un coût des fonds propres de : 9,63 % + 7,51 % = 17,14 %.

Cet écart de coût des fonds propres entre grandes sociétés et PME-ETI, entre sociétés cotées et non cotées, s’est considérablement accru par rapport à l’année précédente. Les crises successives semblent fragiliser particulièrement le tissu des PME-ETI.

Second enseignement de l’Observatoire : composante du calcul du coût des fonds propres, le taux sans risque (le taux auquel l’Etat français emprunte sur une durée de 10 ans et qui sert de référence pour la plupart des taux de longue durée) est en forte augmentation. Sur un an, ce taux passe de 0,1 % à 2,65 %. Cette progression n’a de cesse de s’accélérer sous l’effet de l’inflation.

Troisième enseignement de l’Observatoire : l’extrême diversité de la situation des entreprises, accentuée par la succession des crises qui s’enchainent sans interruption depuis 3 ans, cache des disparités insoupçonnées d’une entreprise à l’autre, et d’un secteur à l’autre.

Quatrième enseignement de l’Observatoire : la décote de valorisation pour les PME-ETI est élevée. Selon les auteurs de l’étude de la CCEF, les décotes liées à la taille des entreprises peuvent aller jusqu’à 50 %. Les petites entreprises se voient donc appliquer des multiples de valorisation jusqu’à 2 fois moins élevés que des entreprises importantes ou cotées. Les risques qui pèsent sur nombre de PME-ETI aujourd’hui (marges érodées par l’inflation, difficultés à recruter, problèmes d’approvisionnement, remboursement des PGE) se traduisent en un coût des fonds propres plus élevé. Cela nécessite de trouver des investisseurs prêts à assumer plus de risques.

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