Échange avec Sanaa Moussaid qui incarne la fusion entre l’expertise comptable traditionnelle et l’innovation technologique. En tant qu’expert-comptable, commissaire aux comptes et fondatrice de World Of Numeric, elle a redéfini les contours de la profession en intégrant le numérique, l’intelligence artificielle (IA) et la blockchain.
Vous êtes co-auteur du rapport de la CNCC sur les enjeux de l’intelligence artificielle. Comment les nouvelles technologies, particulièrement l’IA, se sont-elles installées au cœur de votre expertise ?
Sanaa Moussaid : Mon expertise est plutôt orientée vers la transformation numérique et l’automatisation des processus, ce qui inclut souvent l’intelligence artificielle. L’IA intervient donc dans ce cadre, mais elle reste un outil parmi d’autres pour accompagner nos clients. C’est surtout la philosophie qui se cache derrière les nouvelles technologiques qui me passionne, car elles sont sans cesse en mouvement. Ainsi, au début de ma carrière, j’avais commencé par développer un logiciel pour la comptabilisation des cryptos avant de passer à l’IA. En fait, nous sommes dans un monde qui bouge et dans lequel soit s’inscrire l’expert-comptable ou le commissaire aux comptes.
Quels sont les principaux défis de l’IA pour les professionnels du chiffre ?
S.M. : Les enjeux sont multiples. Par exemple, il s’agit de vérifier la conformité des solutions IA avec les réglementations comme le RGPD, de garantir l’éthique des outils, et d’auditer leur impact sur la production des données financières et extra-financières. J’attire l’attention des professionnels sur le fait les IA peuvent introduire des biais ou produire des résultats erronés. C’est ce que l’on appelle des « hallucinations ». Les CAC et experts-comptables doivent donc se former et s’outiller pour ne pas être dépassé, car l’IA pousse notre métier à évoluer et transforme nos approches. Nous n’avons pas d’autre choix que d’utiliser des outils numériques performants pour être à la hauteur des attentes de nos clients.
En pratique, l’IA n’est-elle pas déjà présente dans les cabinets ?
S.M. : Oui, mais les équipes des cabinets, comme les clients, en sont majoritairement à l’étape de sensibilisation et d’exploration. Cependant, beaucoup de clients commencent à expérimenter l’IA, mais souvent sans en comprendre les limites. Par exemple, certains ignorent que l’IA peut se tromper ou produire des résultats peu fiables si elle est mal utilisée. Ce qui signifie qu’il y a un besoin de formation et d’accompagnement accrus de notre part. Même si le déploiement de l’IA reste lent, notamment en raison de contraintes financières ou organisationnelles, en 2025 son usage devrait augmenter de manière significative.
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