Faire face à la crise pour les cabinets d'expertise comptable : « L'essentiel, c'est la survie des clients »

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Les experts-comptables Valérie Ammirati et Philippe Barré ainsi que Laurent Benoudiz, Président de l'Ordre des experts-comptables de Paris IDF, ont échangé le 6 avril 2020 lors d'une conférence live autour du sujet « Faire face à la crise ».

Les trois professionnels sont tout d'abord revenus sur les conditions particulièrement difficiles pour l'exercice de leur métier, ces conditions ayant logiquement deux versants. Tout d'abord, des difficultés se sont évidemment présentées quant à la mise en place du télétravail, des difficultés d'ordre interne. Ensuite, les clients peuvent eux-mêmes être en difficulté et requérir une assistance.

Les cabinets comptables ayant réalisé leur transition numérique sont avantagés

Philippe Barré indique que dans ses activités d'accompagnement des cabinets d'experts-comptables, il remarque que les cabinets qui avaient déjà l'habitude d'utiliser les outils numériques ou l'intelligence artificielle (comme des logiciels OCR) n'ont presque pris aucun retard et rencontrent peu de difficultés dans la situation actuelle. A l'inverse, les autres cabinets qui n'avaient pas réalisé cette transition rencontrent plus de difficultés : les professionnels doivent repasser au cabinet pour chercher certains documents, des collaborateurs rencontrent des problèmes techniques pour travailler à distance... Dans ce cas, le chômage partiel est envisageable, lorsque le travail à distance est trop compliqué.

Laurent Benoudiz remarque que c'est l'occasion ou jamais d'effectuer cette transition numérique, en commençant d'ailleurs par demander aux clients de numériser des documents (voire de les prendre en photo) ou d'utiliser des applications, comme Tiime Receipt.

Travailler dans l'urgence et le respect des clients

Les difficultés se font également ressentir vis-à-vis des clients, avec qui il est très important de garder contact selon les trois intervenants, car eux aussi traversent une période difficile comme on peut l'imaginer. Sur le sujet des demandes de prévisionnels, les intervenants expliquent ainsi qu'en cette période, les prévisionnels seront forcément incertains, voire incorrects, même si par nature les experts-comptables « n'aiment pas trop l'incertitude », comme le note Laurent Benoudiz.

La facturation des prestations exceptionnelles a aussi été abordée. Les trois intervenants sont d'accord sur le fait que des remises ou des reports sont tout à fait envisageables, la période étant particulièrement difficile pour les entreprises et les clients des cabinets d'experts-comptables en général. Philippe Barré explique d'ailleurs qu'il ne réalise pas de lettre de mission en ce moment : « Nous sommes en situation d'urgence. C'est comme si un médecin demandait un certificat d'assurance avant de soigner un malade, cela n'a pas de sens. Il faut se comporter humainement face à des chefs d'entreprise qui traversent une période difficile. »

Quant au respect des délais, Valérie Ammirati indique qu'elle fera en sorte de rentrer dans les délais légaux, même s'il manque quelques factures : « On ne changera rien en comptabilisant les cheveux coupés en quatre. J'ai demandé à mes équipes d'aller vite. On sera à l'heure, que le client réponde ou non. Et s'il le faut, j'enverrai des rectificatifs. » Philippe Barré abonde en ce sens : « Les délais, ce n'est pas l'essentiel. L'essentiel, c'est la survie des clients. »

Laurent Benoudiz indique enfin qu'il existe un service d'assistance de l'Ordre pour les cabinets en difficulté, joignable à l'adresse mail suivante : solidarite@oec-paris.fr.

Raphaël Lichten

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