Mercredi 2 février 2022 se sont réunis des acteurs de la fonction finance dans le cadre d’une conférence autour de l’étude menée par BlackLine « Finance nouvelle génération : les compétences indispensables à acquérir dès aujourd’hui pour assurer la croissance de demain ». Analyses, débats et réflexions sur les résultats de l’enquête étaient au rendez-vous.
Enjeux d'attraction, de rétention des talents et changements à venir pour la fonction finance
Lucie Bordelais, Directrice développement EMEA de BlackLine, a d’abord présenté l’étude, composée en deux parties, et ses résultats, conçus sur la base de réponses apportées par un panel de directeurs financiers à travers le monde.
Au-delà des fonctions régaliennes, les résultats montrent que les directeurs financiers s’interrogent sur les nouvelles organisations du travail post-pandémique et deviennent également parties prenantes de la stratégie d’entreprise. Egalement, l’étude dégage une volonté de la part des dirigeants de recruter davantage de talents axés sur la donnée. Autrement dit, les professionnels de la finance doivent à tout prix posséder des compétences numériques face à des données complexes.
Entre efficacité du travail hybride, transformation numérique et rétention des talents, il est aisé de constater la différence de priorités entre les professionnels basés outre-Atlantique et les 150 français interrogés.
Quelle confiance dans la fiabilité des informations comptables ?
BlackLine est né dans un contexte de renforcement des règles du jeu – à la suite des divers scandales financiers – et d’externalisation des talents. L’enjeu était de savoir quels contrôles il était nécessaire de mettre en place sur les personnes « éparpillées ». C’est par ce moyen que Lucie Bordelais explique la raison de l’implication de BlackLine dans la fiabilité financière et rappelle que « notre système économique repose sur cette confiance ». Aujourd’hui, l’étude montre que seulement 50 % des personnes interrogées ont confiance dans ces données.
Face à ces résultats, Emmanuel Millard, Président de la DFCG, rappelle que le panel utilisé pour l’étude n’est probablement pas représentatif de toute la fonction finance. De cette étude ressortent naturellement des points, au premier chef desquels se trouve la RSE, qui « irriguent le métier des dirigeants financiers ». Il faut selon lui insister sur la transformation digitale mais pas uniquement, puisque la pandémie de Covid-19 a permis aux entreprises de gagner quatre à cinq ans d’avance sur leurs projets de développement en faisant notamment évoluer leurs outils. Par ailleurs, la question de la fiabilité de la donnée a toujours été au cœur des questionnements des professionnels de la finance tout comme la question du recrutement des talents.
Les points mis en avant par l’étude sont-ils reflétés à travers les enseignements dispensés ?
Selon Eric Lamarque, Directeur de l’IAE Paris Sorbonne Business School et de son master Finance, un travail sur les données est plus approfondi aujourd’hui. Ce métier a tendance selon lui à se scinder en deux. Il y a ceux qui veulent travailler à la confection et à la qualité de la data et ceux qui s’orientent vers la capacité à analyser toutes ces données : « Aujourd’hui, nous essayons de conserver un apprentissage commun entre les deux mais peut-être qu’à l’avenir il s’agira de les différencier. Il n’empêche que l’on connaît une adaptation des diplômes académiques. »
Malgré tout, selon plusieurs des intervenants, il n’existe pas de désamour pour la fonction finance.
La RSE va-t-elle incomber à la fonction finance de demain ?
Anne-Claude Tessier, Associée KPMG, répond par l’affirmative à cette question. Selon elle, la fonction finance est incontournable dans la RSE mais elle ne devra pas être la seule. En décalage par rapport aux sondages, « nous avons une accélération formidable de sa prise en compte dans les entreprises et fonctions finance. Le financier et le non-financier sont de plus en plus interconnectés. La fonction finance a un vrai rôle à jouer » déclare-t-elle.
A cela, Emmanuel Millard répond que ces dimensions doivent être intégrées dans les cursus de formation, notamment parce que le métier de financier de demain va connaître des changements liés à la RSE du fait que les outils évoluent beaucoup plus vite, et s'oriente dès aujourd'hui vers un métier de conseil. « Ce métier restera stratégique et c’est sans doute cette agilité qui fait aujourd’hui partie de ce que les jeunes affectionnent » conclue-t-il.
Léa Verdure