Quelles priorités en 2023 pour les directions financières ?

Organisation, gestion et développement
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A l'occasion du salon Financium jeudi 17 novembre, le cabinet PwC et la DFCG ont présenté les résultats de leur étude annuelle sur les priorités des fonctions finance pour 2023.

Celle-ci porte le titre « Garder le cap face à l'incertitude ». Après un regain de confiance post Covid, les directions financières montrent une baisse du niveau de confiance liée notamment à un contexte économique marqué par l’incertitude et l’augmentation des risques. Pour garder le cap, trois leviers prioritaires sont identifiés : améliorer le pilotage de la performance dans l’incertitude, faire évoluer les compétences des collaborateurs pour répondre aux nouveaux enjeux et intégrer la dimension RSE dans la fonction finance.

Un niveau de confiance qui reste élevé malgré des incertitudes

Situation géopolitique tendue, tendances macro-économiques incertaines, retour de l’inflation, crise de l’énergie sont autant de marqueurs qui font de 2023 une année incertaine. Ainsi, près d’un quart des directions financières se disent inquiètes sur les perspectives de croissance pour 2023, soit 10 points de plus que lors de la dernière édition de l’étude. Toutefois, le niveau de confiance reste quasiment au même niveau dans une perspective à 3 ans.

Les entreprises, quelle que soit leur taille, naviguent entre deux eaux. Elles continuent encore de bénéficier de l’acquis de croissance généré par la reprise de 2022, soutenue par l’investissement public. A contrario, les problèmes liés à la progression des coûts de production à travers la flambée de la facture énergétique pèsent sur leur activité.

Le pilotage de la performance, la gestion du cash et la stratégie de développement restent les priorités des directions financières compte tenu de l’incertitude et de la volatilité de l’environnement actuel. La gestion des talents est aussi une priorité forte à court terme - notamment auprès des ETI-PME - dans un contexte de tension accrue sur le marché pour les profils finance et compte tenu du besoin de développer de nouvelles compétences.

Les grands groupes comme les ETI et les PMI identifient deux risques prioritaires à anticiper pour 2023 : l’inflation et l’impact de la guerre en Ukraine. En revanche, les grands groupes placent le risque cyber en troisième position alors que les entreprises plus petites sont davantage préoccupées par la pénurie de talents.

Laurent Morel, Associé responsable des activités de conseil pour les directions financières chez PwC France et Maghreb déclare : « Face à cette situation de crise permanente, les directions financières doivent être toujours plus agiles et garder le cap sur les objectifs qui leur engendreront des résultats durables, en apportant de la confiance au marché, en créant de la valeur durable et en donnant du sens vis-à-vis des équipes. »

[Interview] Laurent Morel, Associé PwC, revient lors du salon Financium sur les priorités 2023 des fonctions finance

Piloter l’entreprise dans un monde incertain

L’inflation atteint des niveaux records jamais rencontrés depuis près de 40 ans. C’est donc une situation inédite pour beaucoup de directions financières. Dès lors, quels sont les leviers activés pour faire face à cette situation instable ? Afin de sécuriser leur rentabilité, la répercussion sur le prix de vente est le premier levier actionné pour 35 % des DAF, suivi par des actions d’efficacité pour compenser ou limiter l’impact sur la marge (31 %). En comparaison, face aux pénuries qui sévissent, la pression sur les fournisseurs reste plus faible (37 %).

Dans ce contexte et après deux années de crise sanitaire, les dispositifs prévisionnels - encore trop lourds et pas assez outillés - sont mis à rude épreuve. Malgré les investissements et les progrès des deux dernières années, les besoins de réactivité des directions financières et la nécessité de travailler différemment en environnement incertain (approche par scénario, simulations...) ne sont pas encore pleinement satisfaisants. En réaction, 82 % des directions financières envisagent de faire évoluer leur approche budgétaire et 45 % se disent insatisfaites de leurs processus et outils de prévision et de simulation.

Pour optimiser les processus prévisionnels et les rendre plus agiles et adaptés au contexte d’incertitude, les directions financières identifient différents leviers à mettre en œuvre. Le cadrage du processus apparaît comme le premier vecteur d’amélioration, notamment pour mieux coordonner les parties prenantes, financiers et opérationnels. Les enjeux sur la donnée sont également cruciaux (intégration des données opérationnelles, niveau de détail).

[Interview] Grégory Sanson, Directeur Finance, Transformation digitale, Développement de Bonduelle, commente les résultats de l'étude lors du salon Financium

RSE, des enjeux incontournables pour les directions financières

Les enjeux RSE sont désormais pleinement au cœur de l’agenda des directions financières. En effet, si la mise en œuvre du règlement Taxonomie constitue le premier niveau d’intégration des dimensions RSE, ces dernières doivent aussi être intégrées plus profondément dans le pilotage de la performance de l’entreprise. Ceci implique que toutes les composantes et les métiers de la direction financière s’adaptent et évoluent de telle sorte qu’elle puisse mesurer, piloter et communiquer sur la performance globale de l’entreprise.

Ainsi, 73 % des directions financières prévoient de faire évoluer en moins de 3 ans leur modèle de pilotage pour intégrer les dimensions RSE. Pour ce faire, plusieurs défis doivent encore être relevés, notamment liés à la capacité de collecte d’une donnée de qualité, la mise en place d’un processus robuste de reporting et de pilotage de cette donnée, la disponibilité des profils-compétences, l’organisation... Parmi les différents sujets, le suivi de la stratégie Net Zero des entreprises et donc du bilan carbone est primordial pour les directions financières compte tenu des enjeux financiers qu’il recouvre (taxes, quotas...).

Assurer la qualité et la disponibilité des données extra-financières est le premier challenge identifié par les directions financières. Un défi de taille qu’elles comptent relever dans les prochaines années : 78 % des directions financières s’attendent à atteindre les standards de qualité, de robustesse et d'auditabilité observés pour la communication financière en moins de 5 ans, ce qui montre qu’elles sont prêtes à déployer les moyens nécessaires pour faire face à ces challenges dans un délai raisonnable.

La transformation de la fonction finance par la data et l’humain reste une priorité

Malgré une baisse du niveau de confiance dans les perspectives de croissance, les directions financières témoignent toujours d’une volonté de transformer leur fonction, notamment pour gagner en efficacité et apporter davantage de valeur aux métiers.

Pour répondre à leurs enjeux de transformation, 93 % des directions financières envisagent d'investir dans la digitalisation de la fonction finance à court terme. En 2023, les technologies qui feront l’objet d’investissements prioritaires sont : les projets de dématérialisation, qui continuent de bénéficier d'un effet d'accélération lié aux évolutions réglementaires en France et en Europe sur la facturation, les projets de digitalisation qui font écho à la volonté des directions financières de gagner en efficacité et d'apporter davantage de valeur aux métiers.

Le facteur humain est indispensable pour mener à bien ces transformations. De nouveaux profils sont nécessaires au sein des directions financières, différents mais complémentaires à celui du financier traditionnel. La guerre des talents fait rage parmi les entreprises pour recruter ces nouveaux profils. 63 % des directions financières ont une idée claire de leurs besoins. Ce sont les compétences Data, IT et RSE qui sont à développer en priorité.

Emmanuel Millard, Président de la DFCG, déclare : « Les directions financières sont plus que jamais au cœur des stratégies et des décisions des entreprises. Elles sauront naviguer et se transformer pour être le plus efficace possible. »

[Interview] Réaction d'Emmanuel Millard, Président de la DFCG, lors de Financium