L'entrepreneuriat féminin en France : des avancées timides, des défis persistants

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Le baromètre 2025 de la Direction générale des Entreprises (DGE) et de Bpifrance, publié ce 7 mars, dans le cadre du plan interministériel « Toutes et tous égaux 2027 », met en lumière l'engagement des femmes dans l'entrepreneuriat. Cependant, il révèle aussi des inégalités tenaces en matière de croissance et de financement.

 Le 2ᵉ Baromètre sur l'entrepreneuriat des femmes en France, élaboré par la DGE en partenariat avec Bpifrance, met en avant la contribution des femmes aux enjeux sociétaux, mais il souligne également des disparités persistantes par rapport à leurs homologues masculins.

Si l'entrepreneuriat féminin est présenté comme un moteur de la vitalité économique française, une analyse plus approfondie des chiffres, issus du Système d'information sur les nouvelles entreprises (Sine, Insee), révèle une réalité plus nuancée. Ainsi, selon le baromètre DGE-Bpifrance, 26% des créations d'entreprises portées par des femmes ont démarré modestement et le restent trois ans après leur création. Dans cette catégorie, les femmes sont presque deux fois plus présentes que les hommes tandis que les entreprises à forte croissance, enregistrent près de deux fois plus de créateurs masculins.

Un accès au financement toujours inégal

Bien que les femmes soient de plus en plus nombreuses à se lancer dans la reprise d'entreprises (près de 4 reprises-transmissions sur 10 en 2022 sont à l'initiative de femmes, selon Bpifrance), elles rencontrent des difficultés spécifiques en matière de financement. Ainsi, les femmes chefs d'entreprise qui rachètent une entreprise ont plus de mal à négocier les prix et à obtenir des financements que les hommes (53% contre 34% pour les hommes). Ces obstacles financiers peuvent freiner leur développement et limiter leur potentiel de croissance.

L'écoresponsabilité, un atout différenciant ?

Le baromètre DGE-Bpifrance souligne l'engagement des femmes en faveur du développement durable. 41 % des femmes chefs d'entreprise déclarent mener des actions écoresponsables, contre 33 % des hommes. Cette sensibilité environnementale pourrait constituer un avantage concurrentiel pour les entreprises féminines, mais il reste à voir si cela se traduira par une meilleure performance économique à long terme.

Des initiatives à renforcer

Si des dispositifs tels que French Tech Tremplin (dont 30% des bénéficiaires sont des femmes), visent à promouvoir la diversité dans l'écosystème entrepreneurial, leur impact reste limité. Par ailleurs, le gouvernement a annoncé ce vendredi 7 mars que le budget 2026 sera construit autour de règles favorisant l’égalité entre les femmes et les hommes et que chaque article des textes budgétaires sera désormais évalué sous l’angle de l’égalité entre les sexes. Il prévoit aussi une analyse qualitative des dépenses de l’État pour identifier et corriger les biais de genre. Tout un programme donc. S'agissant de l'économie, une chose est sûre : il est essentiel de mettre en place des mesures concrètes pour faciliter l'accès des femmes au financement, à la formation et aux réseaux professionnels afin de lever les freins à l'entrepreneuriat féminin.

Samorya Wilson