BDO France enregistre une croissance de + 15 % en 2024 et affine sa stratégie 2025

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Le cabinet d’audit et de conseil vient de publier ses résultats 2024, ce 4 mars 2025, qui affichent un chiffre d’affaires de 265 millions d’euros, soutenu par des acquisitions et une diversification de ses activités. Les défis d’intégration et de cohérence stratégique se profilent pour l’année à venir.

La progression du chiffre d’affaires, de BDO France (+15%) la plus forte parmi ses pairs en 2024, repose sur deux leviers principaux : une croissance organique de 8 % et une croissance externe de 7 %, liée à des acquisitions stratégiques. Le cabinet a notamment intégré Advance Capital, spécialiste du conseil en capital-investissement sur le middle market, après avoir absorbé June Partners et AIRPAJE en 2023.

Cette approche permet à BDO Advisory de multiplier son portefeuille clients. Ce qui oblige le groupe à maintenir un équilibre entre ses métiers historiques.  En effet, l’audit, qui auparavant constituait, son cœur de métier, ne représente plus que 15 % du chiffre d’affaires, contre 28 % pour le conseil et 35 % pour l’expertise-comptable. Une évolution qui reflète les mutations du secteur.

Un modèle pluridisciplinaire unique

La répartition des activités illustre une volonté de répondre à des besoins clients complexes. Les synergies entre métiers – audit, conseil en transition écologique ou accompagnement RH – sont présentées, par le groupe, comme un avantage différenciant. L’exécution de mandats transversaux, comme l’application de la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), montre l’étendue des compétences mobilisables. Une position intermédiaire entre auditeur et conseil, qui pourrait générer des conflits d’intérêts potentiels, un risque inhérent aux modèles pluridisciplinaires. Cependant, la direction argue d’une « complémentarité naturelle » entre métiers.

Une stratégie 2025 visant à consolider son leadership

En 2025, BDO France compte se développer autour de quatre piliers afin de consolider son leadership.

Cela passe notamment par une consolidation territoriale et sectorielle. Ainsi, le cabinet prévoit de nouvelles acquisitions pour couvrir 90 % du territoire national d’ici fin 2025. Un objectif ambitieux dans un marché des fusions-acquisitions tendu, où les cibles viables se raréfient.

L'innovation technologique fait également partie de la stratégie 2025 du cabinet. Il annonce donc une hausse de 30 % de son budget R&D, avec un accent sur l’intelligence artificielle sectorielle et les outils d’analyse prédictive. À noter qu’aucun cas d’usage opérationnel n’est cependant cité dans le communiqué.

Le troisième pilier de développement de BDO France repose que la gestion des talents, entre attractivité et fidélisation. Avec une multiplication par quatre des candidatures en 2024, le groupe mise sur des initiatives comme la Climate School pour former ses équipes aux enjeux environnementaux. Rappelons que le manque de personnel fait partie des défis structurels du secteur, marqué par un turnover moyen de 15 % et une concurrence accrue sur les profils spécialisés.

Enfin, l’engagement sociétal reste un axe fort dans la stratégie de la société pluridisciplinaire, d’audit et de conseil. Ainsi, BDO France a obtenu le statut de société à mission en 2021. Il compte poursuivre cet itinéraire en affichant un objectif de 20 % de son chiffre d’affaires généré par des missions à impact positif d'ici à 2025. La mise en œuvre repose largement sur des modules de formation comme la Fresque du Climat, dont les effets tangibles sur les pratiques des clients restent à évaluer.

Entre ambitions et contraintes réglementaires

La croissance rapide de BDO France intervient dans un contexte réglementaire exigeant, avec l’entrée en vigueur de nouvelles normes comptables et environnementales. Le cabinet souligne sa capacité à accompagner les PME et ETI sur ces sujets complexes, grâce à une offre combinant audit financier et conseil opérationnel.

En définitive, les résultats 2024 de BDO France témoignent d’une adaptation active aux mutations du secteur. Cependant, la concrétisation de ses investissements technologiques et la pérennisation du modèle talent seront des indicateurs clés à suivre.

Samorya Wilson